Interlude, de Sithonia à Kriaristi
C’est un interlude que nous avons pris pour parcourir la côte Nord-Ouest de la Grèce, essentiellement sur des spots en bord de mer où le temps fût bon en compagnie des Bandianamara. Au risque de paraître rébarbative, en raison du peu de diversité à nos activités, je ne vais pas vous faire un résumé jour après jour mais plutôt spot après spot. Nous changeons de spot en cours de journée, expliquant la redite des dates d’un spot à l’autre…
Sithonia – 27 & 28 avril 2023
Sauf exception, le matin est consacré à l’instruction, autant pour nos gnomes que ceux des Bandianamara. Entre autres activités, le lutin se prend au jeu du dessin et sur la base de modèles trouvés sur Internet, il se lance. Je trouve qu’il réussit plutôt bien.
Par la suite les enfants jouent sur la plage, en deux groupes généralement. Les aînées, cherchant des animaux en peine pour les soigner, les plus jeunes jouent dans le sable. Elles trouvent d’ailleurs plusieurs méduses inoffensives que j’héberge dans notre bassine le temps de les observer.
Côté adulte, nous prenons le temps de prendre le temps. Les plus sociables papotent, le vampire que je suis (dixit mon homme) préfère l’intérieur mais sort quand même bouquiner sur la plage.
Sur cette plage nous pouvons également assister au décollage de paramoteurs, parapentes avec une hélice dans le dos. L’un des deux hommes venus profiter de cette plage pour leurs ascensions a 70 ans ! Il a un fauteuil spécial, avec des roues, pour lui permettre de décoller et atterrir sans se blesser. C’est très impressionnant. Nous croisons également quelques plongeurs venus explorer les rochers enserrant la plage.
Avant de quitter le spot, nous nous offrons un restaurant en bord de plage tous les quatre. J’opte pour une dorade grillée. Excellente. L’homme jette son dévolu sur du poulpe et c’est un superbe tentacule qui lui est servi. Le restau n’est pas plein, quelques tables à peine, et tous des français en vacances.
Paralia Kavourotripes – Du 28 au 30 avril 2023
Nous sommes installés sur le terrain faisant office de parking pour les plages. Il s’agit de petites plagettes entre les reliefs de la côté. Cette zone, au Nord de Sarti, est magnifique. L’eau est turquoise telle qu’on peut la voir au Caraïbes.
La plage la plus grande, « touristique », est aménagée avec des transats près d’une buvette qui diffuse de la musique. Trop bruyant. Nous préférons nettement les plages plus intimistes, de l’autre côté. Il y a malheureusement des déchets venant en partie de la mer, que nous mettons de côté. Nous établissons ainsi notre « camp de jour », sur ces bouts de sable, au gré de nos envie, suffisamment grands pour nous dix mais suffisamment petits pour dissuader d’autres plagistes de s’y installer.
Après ces quelques plagettes, après un promontoire sculpté, se trouvent les plages nudistes de Dionysos, comme l’indique la gravure (tout un programme !). Les filles ont eu l’occasion de le constater en s’aventurant les premiers jours sur les rochers à la recherche d’animaux en perdition.
Les journées s’organisent globalement de la même façon: matinée consacrée à l’instruction et le reste de la journée sur la plage.
Nous profitons de ce petit coin de paradis pour y improviser apéros ou repas. Les enfants, avec ou sans combinaisons, pataugent dans l’eau, explorent les rochers ou jouent sur le sable. Les aînées sont rejointes par une autre petite fille, Mïa, bretonne, du même âge, voyageant en van aménagé avec ses parents et son chien. Profitant de la présence d’autres enfants, les filles sont toujours fourrées ensemble.
La lutine et Mïa, courageuses, s’aventurent à la nage vers un rocher qui les attire depuis notre arrivée. Avec le masque, elles observent quelques poissons locaux. Une belle expérience.
Paralia Platania (Toroni) – Du 30 avril au 02 mai 2023
A l’instar de Sithonia, nous sommes à nouveau garés directement sur la plage Platania, un peu au sud de Sarti, avec vue panoramique sur la mer et sur le Mont Athos de notre capucine. Nous pouvons nous stationner côte à côte et ainsi organiser un camp entre nos véhicules pour partager les apéros et les repas.
Nous avons hésité à s’installer sur la plage. La saison estivale débute le 1er mai avec l’ouverture des campings. Alors que le camping sauvage est toléré quand ils sont fermés, il devient chassé une fois que les campings sont ouverts, surtout dans les zones touristiques comme ici. Mais pour ces premiers jours, nous prenons le risque.
Le Mont Athos, que souhaitait visiter les Bandianamara, héberge une communauté monastique. Malheureusement l’accès à la zone monastique est interdite aux femmes et aux enfants. Les seules représentantes de la gente féminine autorisées sont les animaux « utiles », les poules (car elles donnent des œufs) et les chattes (qui chassent les souris). Ils n’iront donc pas mais se tâtent pour aller faire une excursion en bateau d’où les principaux monastères sont visibles, cela dépendra de la météo.
Les jours se suivent et se ressemblent. L’instruction est parfois compliquée lorsque nous demandons à la lutine de réaliser des activités où elle a encore quelques blocages, comme l’expression écrite. Cela peut prendre énormément d’ampleur. Nous allons donc essayer d’instaurer la production d’écrit en rituel, même s’il ne s’agit que de quelques lignes quotidiennes. Cette façon de faire a plutôt bien fonctionnée avec les autres activités retorses.
Alors que les enfants jouent dans le sable ou poursuivent leurs sauvetages animaliers (ici nos grandes trouveront de gros têtards), les parents papotent et profitent du temps qui passe. Nous échangeons notamment sur nos différents outils pour l’instruction, ce qui permet de se donner des idées pour la suite. Nous découvrons que nous avons un peu le même ressenti sur l’école et les mêmes situations en dents de scie avec nos enfants et leurs apprentissages.
Nous n’avons pas beaucoup roulé ces derniers jours, et bien que nous ayons un panneau solaire, nous arrivons en fin de batterie. Sans électricité, pas de pompe à eau… Nous résistons au maximum mais arrive un matin, le dernier, où nous devons démarrer le moteur pour initier la recharge en attendant que le panneau prenne le relai.
Pour l’eau c’est également la fin des réserves. Nous devons donc songer à refaire le plein en partant.
Paralia Sarti – 02 mai 2023
Avant de rejoindre le prochain spot, nous allons faire quelques courses et le plein d’eau. Nous retrouvons les Bandianamara sur un parking à Sarti, en front de mer. Les enfants partent illico et s’organisent comme les jours précédents. Il y a le clan des petites mamans avec leurs poupons & vétérinaires en devenir, le clan des playmobils & dinosaures et enfin le clan des jeux dans le sable. Les uns se mixent parfois avec les autres, pouvant amener quelques tensions. Globalement cela se passe bien même s’il y a parfois des mots plus hauts que les autres.
L’homme installent notre tente anti-UV pour protéger les filles qui pouponnent mais finalement elles abandonnent leurs progénitures pour aller à la rescousse des animaux du coin.
Les Bandianamara repèrent un homme en train de photographier les plaques des véhicules aménagés présents sur le parking. Pris à parti, il sort une excuse assez nébuleuse sur des dégradations dont il voudrait faire part à la mairie mais sans montrer les dernières photos. Peu sereins sur les intentions de cet homme, nous décidons de quitter les lieux en fin d’après-midi pour être tranquilles.
Kriaristi – 02 & 03 mai 2023
Nous voilà donc dans une toute autre atmosphère, en montagne, à Kriaristi, la ville fantôme. Il s’agit d’une zone de plus de 1300 Ha sur laquelle un plan de développement urbain était prévu dans les années 1990. Le plan envisageait la création d’une zone de vie où près de 3000 lots étaient dévolus aux habitations et autres aménagements de loisirs. Alors que le plan de développement a été approuvé, les travaux ont débuté par l’ensemble des réseaux routiers et piétonniers. Le projet est finalement tombé à l’eau, laissant cette zone totalement à l’abandon. Nous y voyons des pilônes électriques, des routes sillonnant les parcelles et des chemin piétonniers terminés par des escaliers menant nul part. C’est assez lugubre et fascinant en même temps. Bien qu’il n’y ait aucune habitation, ma sensation est comparable à celle du film Vivarium.
Nous nous posons au bord de la falaise plongeant dans la mer. La vue est superbe. Une maison est visible au loin. Un grec recherchant la solitude et s’étant établi ici ? Nous ne le saurons pas mais voyons qu’elle est habitée.
Une soirée à improviser un apéro à papoter tandis que les enfants jouent sur les rocher et qu’un chien sauvage a élu domicile près de nos home roulants, espérant pouvoir glaner quelque chose à manger. Ici c’est monnaie courante les chiens abandonnés. Ils sont généralement gentils et nous avons pu voir qu’ils étaient parfois nourris par les locaux. Malheureusement pour la 4-pat, nous ne la sortons pas par précautions tant des bagarres que sanitaire.
Nous préparons nos gnomes à la séparation et le départ se passe relativement bien. Nous partons chacun de notre côté, les Bandianamara en direction de la Turquie et nous en direction de la Macédoine.
Ce sont de belles amitiés que nous espérons pérenniser.