Ostrog & Durmitor #1
16 mai 2023
Nous sommes réveillés par une famille polonaise qui regagne sa voiture, voisine du Lican, avec force tumulte. Pas d’instruction ce matin, nous voulons passer à la laverie et profiterons de l’attente pour quelques activités.
Malheureusement la circulation est compliquée, à l’instar de toutes les grandes villes, et nous abandonnons l’idée de faire une lessive. L’homme me jette près de la librairie qu’il a repéré et je repars avec le Petit Prince en serbe, une des langues nationales du Monténégro. Avec cette idée, je découvre les langues des pays et surtout la complexité des Balkans après les restructurations qu’ils ont subi.
Au Monténégro, anciennement Serbie-et-Monténégro, le monténégrin est en réalité un dérivé du serbe (anciennement serbo-croate) en alphabet latin (en Serbie il est en alphabet cyrillique), avec des subtilités linguistiques propres. Le monténégrin est une langue encore en pleine construction et différentiation comme pour plusieurs des états post-soviétiques et post-yougoslaves qui doivent (re)trouver une identité nationale.
Cette version vaudra donc aussi pour la Serbie que nous traverserons ensuite.
Pour comprendre, l’indépendance du Monténégro date de 2006, après un référendum où il a été voté oui à la dissolution de la communauté Serbie-et-Monténégro, elle-même fruit de la dislocation de la Yougoslavie à partir de 1992. Ce pays a alors adopté de facto l’euro comme monnaie nationale sans être ni membre de l’Union Européenne ni part de la Zone Euro. C’est avec le Kosovo, le seul pays dans ce cas.
Nous faisons ensuite étape au Monastère d’Ostrog, incrusté dans la roche de la falaise d’Ostroka Greda, il s’agit d’une prouesse architecturale.
Après quelques frayeurs à l’ascension, et un demi-tour car l’homme ne sentait pas la route, nous nous garons sur le parking principal, en contrebas. La pluie tombe drue et nous attendons qu’elle se réduise un peu pour sortir et monter jusqu’au monastère.
Pendant cette ascension nous découvrons plusieurs sites où des pèlerins ont déposé des bracelets en offrande.
Puis de nombreuses couvertures sont disposées sur les rambardes, mises à sécher, dont la signification nous échappe, jusque dans la cours du Monastère où elles sont ramassées. Probablement des dons faits pour le monastère ou pour être distribuées aux personnes dans le besoin.
Ce monastère est notamment réputé pour ses guérisons miraculeuses qui en font un lieu de pèlerinage prisé pour se recueillir près de la relique de Saint-Basile d’Ostrog. En raison de cette croyance, il représente un point de rencontre des religions orthodoxe, catholique et musulmane. Ce lieu date du 17e siècle, érigé par Basile Jovanovic, canonisé Saint-Basile d’Ostrog. Les chapelles sont encore d’époque et une grande partie du monastère a été rénovée dans les années 1920 après qu’un incendie l’a détruit.
Après une étape dans une chapelle creusée dans la roche où il est possible de déposer des cierges, nous pouvons accéder à la partie principale du monastère.
Les fresques et mosaïques sont réalisées à même la roche, épousant les formes et défaut de la structure. Se trouvent une chapelle creusée dans la roche au dernier niveau du monastère. Tous les textes sont en cyrillique, ne nous permettant pas de comprendre à quels Saints sont dédiées les fresques ou les chapelles.
La vue est malheureusement bouchée d’un brouillard nous évoquant le Mordor.
Enfin nous terminons par une dernière chapelle creusée dans la roche. Etonnamment les entrées sont fractionnées et nous découvrons qu’il s’agit de la chapelle où repose la dépouille de Saint-Basile, près de laquelle se relaient les Popes afin de veiller sur les ossements et pour réaliser la bénédiction des pèlerins. Nous avons donc reçue cette bénédiction avec une certaine surprise.
Une averse carabinée accueille notre sortie du monastère, et nous préférons nous abriter quelques instants avant de retourner au Lican en profitant d’une accalmie. L’homme fait le plein d’eau à la fontaine du parking puis nous reprenons la route.
Nous faisons étape pour déjeu-goûter à l’inspiration de l’homme, qui s’avère très souvent bonne, cette fois-ci ne déroge pas à la règle, au restaurant Vidikovac, où nous gôutons quelques spécialités locales. L’homme et moi optons pour une purée au fromage, aillée et une tarte au fromage, nous inspirant un kouign-amann au fromage. Tous deux accompagnés de crème fraîche. Le fromage local manque de goût, oui c’est moi qui dit ça (!) (avec du maroilles ça devrait envoyer) mais les mets sont bons. Les enfants optent l’un pour des pâtes au thon (moins bonnes que les patotons de maman, dixit la lutine) et des saucisses de bœuf, excellentes.
Un repas léger en somme !
Je conclu sur un capuccino, dont le dessin est certainement le meilleur que j’ai eu jusque là, même s’il y a eu utilisation de coulis chocolat/ caramel.
Enfin, nous arrivons dans le parc national de Durmitor, à Bitine près de la rivière Tara. Nous nous posons sur une aire de camping tenue par l’un des restaurants et organisateur d’activités sur la rivière. Le propriétaire nous invite à boire un schnaps maison.
Entrée dans le restaurant, sombre, aux armes et animaux empaillés sur les murs, où sont attablés plusieurs locaux qui nous dévisagent à notre arrivée. Cela me donne l’impression d’un film où les protagonistes sont évalués par un groupe au risque d’être découverts comme n’étant pas des leurs. Amusant.
Le schnaps sent et goutte bon mais se révèle bien trop fort pour moi. L’homme se dévoue pour finir mon verre. Les enfants observent les animaux et le propriétaire sort un recueil animalier pour nous montrer de quels animaux il s’agit.
Nous ressortons entiers du bar et profitons d’une soirée calme.
17 mai 2023
Pas de séance d’instruction ce matin mais une activité planifiée par l’homme, surprise pour les gnomes. Nous sommes accueillis par les organisateurs qui nous précisent les modalités et nous amènent au point de départ. Là nous sommes répartis en binômes, par poids, donc les filles ensembles et les garçons ensembles.
La lutine et moi débutons. Après être équipées et harnachées, nous nous élançons !
Il s’agit d’une tyrolienne à 200m d’altitude dans le canyon de la rivière Tara, profond de 1333m, faisant de ce canyon le plus profond d’Europe et le second plus profond mondial après celui du Colorado, et en parallèle du pont Djurdjevica Tara qui enjambe celui-ci (datant des années 1940). Nous parcourons les +/-1000m en moins d’une minute, observant la majestuosité du canyon à une vitesse de 80km/h. Et nous avons eu la chance d’avoir le soleil au rendez-vous (non ce n’est pas nous sur la photo mais cela vous donne une idée).
La lutine est ravie, le lutin aussi d’autant qu’avec son père ils ont été bien plus vite que la lutine et moi.
Nous reprenons la route. L’objectif est de quitter le Monténégro, que nous n’aurons malheureusement pas pu visiter comme nous l’aurions aimé, encore moins avec le pluie omniprésente, et de traverser la Serbie très rapidement pour rejoindre la Hongrie et Budapest.
Aujourd’hui nous passons la frontière Serbe après une cinquantaine kilomètres, où des agents au faciès patibulaire nous tamponnent les passeports (youpi !!).
Nous ne visiterons pas la Serbie, néanmoins nous constatons que les paysages sont très proches de ceux que nous quittons, verdoyants et montagneux. Passage par une carrière de charbon à ciel ouvert.
Après quelques longues heures de route, l’homme trouve un spot pour la nuit sur l’application Park4Night. Un chemin caillouteux, un bord de rivière, quelques jeux.
Malgré la nuit, les lutins vont se dégourdir les frontales sur la tête tandis que l’homme se délasse et que je prépare le dîner.
Dodo tôt, nous repartons de bonne heure demain !
Vertigineux cette tyrolienne ! bigre ; cela ne dure pas longtemps mais j’imagine la respiration coupée avant de décoller par la peur ! bisous
Un monastère taille dans la falaise , une tyrolienne a 200 m d’altitude en voilà des découvertes pour vous pour les gnomes .
Nous on salive à vos belles visites et on en est heureux pour vous .
J’adore ton cappuccino