Kalamata #1 & IEF
12 mars 2023
La journée débute par une séance d’instruction. Je suis impressionnée tant par la lutine qui aborde avec facilité – malgré une certaine appréhension – l’exercice de géométrie que je lui avais préparé et par mon lutin qui déchiffre de plus en plus rapidement les phrases rigolotes qu’il doit ensuite dessiner.
Après le déjeuner nous prenons la direction de la plage. Bien que le ciel soit ensoleillé, la météo annonce un orage dans l’après-midi c’est pourquoi nous préférons rester à proximité.
La plage est à 100m, ce sont des petits cailloux mais cela n’empêche pas les gnomes d’en profiter même si personne ne se baigne. Saut dans les vagues, recherche de coquillages, et lancer de balle à la 4-pat occupent l’après-midi. La 4-pat est d’ailleurs plus qu’heureuse d’affronter les rouleaux pour aller chercher sa balle.
Avec l’homme nous échangeons sur le voyage, les prochaines étapes, les suites et l’école/ l’instruction des enfants.
Je vais vous parler plus en détail de l’IEF, de notre situation et de nos choix, car je sais que cela peut intéresser d’autres familles dans notre situation si par hasard elles arrivent jusqu’ici. Si cela ne vous intéresse que moyennement, vous pouvez passer la partie entre ~*~.
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Aujourd’hui nous n’avons pas de vision claire sur les prochains mois, si nous rentrons ou poursuivons ou changeons d’aventure. Ces éléments sont encore en discussion. Le truc c’est que si nous voulons pouvoir poursuivre l’instruction en famille en 2023/ 2024, nous devons faire une demande d’autorisation dès à présent, obligation entrée en vigueur depuis l’année 2022/2023 (je passe sciemment sur le cas particulier d’autorisation de droit car il ne nous concerne pas).
La question du dossier d’autorisation
En voyageant hors de France, malgré que nous y soyons toujours résidents (physiquement et fiscalement), nous ne dépendons pas des lois françaises et donc nous n’aurions pas besoin de cette autorisation.
L’autorisation est requise si nous restons plus d’un mois en France, sinon les enfants doivent retourner en établissement scolaire. Avec un voyage comme le nôtre, il peut y avoir des impondérables nous obligeant à revenir plus tôt ou passer plus de 30 jours en France. Alors que les enfants sont en instruction en famille pendant les périodes à l’étranger, il nous paraît incohérent pour la continuité pédagogique de retourner dans un établissement scolaire pour un mois (cas du retour ponctuel) ou en cours d’année (cas du retour anticipé).
D’où le fait d’avoir fait une demande l’an dernier, qui a été acceptée.
Ce ne fût pas une mince affaire.
Outre les balbutiements liés à l’entrée en vigueur de la loi, nous entrions non pas dans la case de « l’itinérance » (n°3), car uniquement applicable pour une itinérance sur le territoire français, mais dans le cas d’une « situation propre à l’enfant » (n°4). Ce dernier cas obligeant à présenter un ensemble de justificatifs et de documents pour appuyer le dossier. Qu’on approuve ou non, c’est le contexte et la liste des pièces est précisée dans les textes officiels et explicités par de nombreuses associations.
La demande doit être réalisée entre mars et mai pour l’année scolaire à venir… Et aujourd’hui nous ne savons pas avec certitude comment nous envisageons les prochains mois (et donc l’année scolaire 2023/2024). Le choix qui s’offre à nous est simple: soit faire une demande d’autorisation emplie d’hypothèses et de suppositions, à l’instar de celle faite l’an dernier, soit ne rien faire et aviser.
Si nous ne la faisons pas, le risque est d’être « hors la loi » si nous ne rescolarisons pas nos enfants à notre retour, même en cours d’année, ou pendant un séjour de plus de 30 jours en France.
Si nous faisons une demande, trois possibilités :
- Elle est acceptée.
- Elle revient « sans objet » en raison de notre statut « hors de France« . Nous nous retrouverons dans la même situation que si nous n’avions rien fait. C’est ce qui c’était passé lors de notre première demande car je m’étais trompée de situation, j’avais coché la n°3 (itinérance) et non la n°4 (situation propre).
- Elle est refusée. Nous nous retrouverons donc dans la même situation que si nous n’avions rien fait. Notre statut « hors de France » nous affranchissant de cette loi tant que nous ne revenons pas plus de 30 jours.
Après avoir pesé les différents éléments, l’an dernier nous avions choisi de faire une demande d’autorisation « au cas où« , en invoquant la continuité pédagogique si nous devions revenir prématurément. Demande qui a été acceptée. Aujourd’hui, même si rentrer définitivement en août fait parti des possibilités, nous préférons faire une nouvelle demande, par acquis de conscience, juste pour ne pas se retrouver « hors la loi » si nous décidons de poursuivre ou de faire un séjour prolongé en France entre deux voyages au long cours.
Dans ce cas, deux situations:
- Avoir monté un dossier « pour rien« , en cas de refus/ sans objet ou de retour définitif avec rescolarisation des enfants. C’est pour moi un risque mineur dans la mesure où j’ai déjà monté le dossier une fois et que notre situation serait similaire.
- Recevoir un contrôle pédagogique en cas d’approbation (et si nous sommes en France à la date prévue).
Dans notre cas, le risque qu’elle soit refusée ou qu’elle soit sans objet pourrait être augmenté en raison de l’inspection de cette année à laquelle nous ne sommes pas en mesure de nous présenter. Je vous rassure, j’ai bien informé l’académie de notre situation pour cette inspection. Je n’ai pas encore eu de retour et il est possible qu’ils nous rayent des listes parce que nous sommes « hors de France« , et de fait nous catégoriser « sans objet » lors de notre prochaine demande.
C’est donc un gros dossier en perspective, mais ce n’est pas cela qui m’arrête !
En dehors des pièces justificatives administratives, le dossier doit contenir un « projet éducatif et pédagogique« . Sa préparation dépend des choix pour mener l’instruction : en solo, avec un établissement d’enseignement à distance, des programmes alternatifs etc…
C’est la partie fastidieuse de ce dossier.
La question des modalités d’IEF
L’an passé j’avais opté pour un programme sous forme de kits thématiques. Malheureusement nous n’avons fait que survoler ces kits tant nous avions à rattraper de blocages et de notions avec notre lutine. Nous avons donc cherché avant tout à débloquer et relancer la machine de l’apprentissage sans heurts.
En plus de ces kits, j’avais pour chaque niveau des livrets regroupant le programme de l’ensemble de l’année. Et pour le lutin, j’avais complété par une méthode de lecture car il était impatient de débuter la lecture.
Quoiqu’il en soit, pour l’an prochain la question se pose en prenant en compte notre expérience de cette année.
Les cours par correspondance
Nous avons croisé quelques familles dont les enfants suivent des cours par correspondance. Il existe plusieurs établissements en proposant (ex; CNED, cours Legendre, cours Saint-Anne…). Autant c’est complet et suit le programme autant, dans notre cas de voyage au long court, cela n’apporte aucune plus-value sinon la garantie du contenu.
Dans tous les cas, ils ne se substituent pas à un établissement scolaire et une inspection est donc toujours réalisée. Eh oui, en tant que « cas n°4 » (situation propre), nous n’avons pas le droit au CNED règlementé qui pourrait équivaloir à une scolarisation en établissement scolaire.
Du coup, le retour à l’école ne tient pas compte des résultats obtenus pendant les cours par correspondance mais s’effectue par classe d’âge en primaire et avec un test de niveau au collège/ lycée (ou selon le bon vouloir de l’établissement).
De plus, ces cours nécessitent un rythme de travail soutenu, voire similaire à celui de l’école et imposent des évaluations. C’est un rythme qu’il est compliqué de suivre en voyage. Avec les évolutions technologiques, des séances « en ligne » sont obligatoires et les dates de rendu des devoirs et d’évaluation sont rigides. Deux éléments qui peuvent être difficiles à tenir à l’étranger notamment en raison des accès internet pas toujours au top sans parler du décalage horaire ou du rythme des apprentissages qui n’est pas celui attendu.
Sans support formel
Je ne parle pas du « unschooling« , qui consiste à laisser les enfants apprendre à leur rythme au fil de leur découvertes sans séances formelles d’instruction ni suivi du programme de l’éducation nationale de la « classe » dans laquelle les enfants devraient être.
Je parle de réaliser l’instruction par soi-même sans réel support formel sinon les programmes. C’est un peu ce que nous faisons cette année en raison des lacunes et des blocages que nous avons découverts chez notre lutine. Nous nous sommes appuyés sur les attendus du programme en CM1/ CM2 pour organiser l’instruction suivant un rythme qui nous est propre. Les séances sont organisées par nous-même sans forcément coller strictement au programme. J’entends par-là que quand nous voyons une notion, nous ne nous limitons pas dans les explications sous prétexte que ces approfondissements ne sont théoriquement vus que plus tard. De même, il est possible que nous n’ayons pas abordé certaines notions, nouvelles en CM2, parce que nous souhaitions consolider les autres.
Nous trouvons des supports sur différents sites, utilisons ponctuellement les livrets « Toute mon année« , proposons les kits pour des séances en autonomie (par exemple en roulant) ou laissons libre cours à notre imagination pour proposer des entraînements.
C’est top, nous suivons le rythme des enfants – qui apprécient – et j’ai découverts de supers outils que je compte proroger l’an prochain si nous continuons (ex. cahier des siècles, carnet de voyage, cahier des pays, cahiers des découvertes…).
Par contre, je navigue totalement à vue avec une idée générale des attendus – merci les livrets des années CM1/ CM2 pour m’avoir donné une transcription des programmes – et ne suit probablement pas la continuité espérée pour les apprentissages. Il y a très probablement des notions que nous avons « trop » approfondies tout comme il y en a que nous n’avons pas dû aborder.
De plus nous formalisons essentiellement les maths et le français, dont la préparation est chronophage. Ce sont les seules matières avec des séances à proprement parler. Tout ce qui est autre (sciences, histoire/ géo, éducation civique…) nous les travaillons au fil des visites selon les situations rencontrées et nous complétons, sans réelle régularité, les cahiers dédiés.
Dans cette façon de faire, il y a une cohérence avec le voyage mais elle n’est pas forcément des plus évidente.
Méthodes alternatives
Il existe certainement plusieurs outils Je vais parler des programme sous forme de kits thématiques proposé par Le Monde de Mei et Noé.
Il s’agit d’un programme crée par une enseignante spécialisée qui suit les attendus de l’éducation nationale sans être néanmoins un « établissement d’enseignement ». Il n’y a pas d’évaluation et donc pas de contrainte de date ou de rythme (et donc pas de bulletin de note mais bon nous n’y tenons pas spécialement au vu du peu d’intérêt que cela apporte pour la suite).
Chaque kit, sur une thématique donnée, passe en revue l’ensemble des matières. En choisissant un programme, c’est-à-dire l’équivalent d’une « année scolaire », les kits sont progressifs et permettent de voir l’ensemble des attendus pour un niveau ou un cycle.
Les sujets des kits sont variés, complets, approfondis et mis à niveau régulièrement avec les exigences de l’EN. Des outils complémentaires sont proposés pour aller plus loin sur les sujets (ex. fiches d’exercices, vidéos…) ou apporter un support avec le suivi et les aspects législatifs (demande d’autorisation, contrôle pédagogique…). Leur projet pédagogique m’a bien aidé pour ma demande d’IEF de l’an dernier. Je l’avais complétée d’un document précisant les apports du voyage pour chaque notion du socle.
Petit bonus, cette méthode a déjà été présentée aux contrôles pédagogiques de l’EN par des familles utilisant ces programmes et les retours sont positifs.
Cerise sur le gâteau, sa créatrice est abordable et disponible pour répondre aux questions.
Notre choix pour l’an prochain
Si nous poursuivons l’IEF, nous repartirions avec les programmes Le Monde de Mei et Noé. Maintenant que la lutine est plus à l’aise avec l’enseignement, ces kits pourront reprendre leur place principale en devenant la ligne directrice à laquelle nous ajouterons des petits entraînement régulièrement. Ce sera aussi l’occasion de responsabiliser et faire en gagner en autonomie la lutine, à l’instar d’une entrée au collège. Nous préparerons notre demande d’autorisation en ce sens, toujours avec un document complémentaire des apports du voyage à l’instruction.
Si nous continuons en IEF, nous savons donc où aller. Il sera aussi bientôt question de reprendre contact avec les établissements scolaires pour les éventuelles inscriptions 2023/2024 mais cela viendra dans un second temps.
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Après ces échanges nous retournons au Lican alors que de gros nuages noirs s’approchent. En effet la grêle finie par tomber dans un fracas amplifié par la résonance du toit.
Après ce déluge glacé, l’homme et moi allons lancer une lessive. Je ne sais ce qui se passe mais cela prend bien plus de temps que prévu et nous étendons de nuit notre lessive comptant sur le soleil matinal pour la sécher !
Je termine la soirée avec la préparation d’un pain. J’ai aussi une recette de brioche que je testerai dès que j’aurais de l’électricité pour utiliser mon batteur dans sa configuration « pétrisseur ».
13 mars 2023
C’est une belle journée qui nous accueille. Après le petit déjeuner, nous enfourchons nos vélos pour aller à la découverte de la ville. Les gnomes sont heureux comme tout de faire du vélo !
Peu de circulation, de larges trottoirs et des pistes cyclables. Ce sont de bonnes conditions pour pédaler serein. Nous nous arrêtons près d’une aire de jeu où les enfants peuvent se défouler. Ils profitent à fond des installations.
Nous prenons ensuite la direction du port. D’abord des bateaux de promenade, dont un vieux gréments qui attire l’œil des enfants.
Après quelques tours et détours nous trouvons l’entrée du port de plaisance. Nous parcourons les quais à la découverte des bateaux de plaisances amarrés ici. Avec les enfants nous reconnaissons les pavillons et déchiffrons les noms.
C’est toujours amusant de chercher à découvrir le sens caché des appellations des navires.
Direction un petit restaurant en ville où nous dégustons des gyrospitas (les gnomes) et de la viande de porc, sans pain, pour l’homme et moi. D’ailleurs saviez-vous que le terme gyros signifie « tourner » (à l’instar du terme turc döner) et qualifie la façon de cuisiner la viande, sur une broche verticale.
Au retour nous faisons une nouvelle pause au parc de jeux avant de retourner au Lican.
La fin de journée est occupée par quelques jeux de société, le draftosaurus où il s’agit de peupler un parc de dinosaures suivant les contraintes déterminées par le dé, le cochon qui rit où le hasard des dés décide lequel complètera son cochon le premier ou la bataille navale dans laquelle se lancent avec ferveur les lutins.
Quel casse-tête que l’éducation à distance..
Dans tous les cas, une chose est sûre, vos enfants seront beaucoup plus avancés et plus matures que les autres enfants de leur âge quand il reprendront une scolarité classique.
Et concernant l’entrée en 6eme.. elle est majoritairement répétitive de l’année de CM2. Les éventuelles lacunes ou oublis de sujets seront comblés très rapidement en classe..
Je ne m’en fais pas pour eux.. mais bon courage pour le dossier 😉
C’est clair que c’est un casse-tête et c’est décourageant. Monter des dossiers ne me fait pas peur 😉
De ce que j’ai compris la 6e est dans le cycle 3, donc j’imagine que ce sont des révisions et consolidations des années précédentes.
C’est sûr que ce qu’ils voient en voyage est un bénéfice net 🙂
Ce sont effectivement des consolidations des deux années précédentes.. tu n’as à mon avis pas de souci à te faire de ce côté là..