Meteora #1

21 avril 2023

Nous prenons la route ce matin direction les Météores.
Il y a pas mal de route à faire. Les enfants préparent leurs affaires, habitués des longs trajets.
Nous devons faire une lessive et avons repéré une laverie automatique, plus économique que la teinturerie.

Le village est tout en côtes et rues étroites, sans place de stationnement accessible au Lican à proximité de la boutique. L’homme manœuvre comme un chef jusqu’à cette ruelle en pente, aux voitures stationnées de part et d’autres la rendant encore plus étroite. Impossible de remonter en marche arrière, trop de pente, l’homme évalue le terrain et poursuit la descente à la vitesse d’un gastéropode asthmatique, jouant du frein et de l’embrayage. Et c’est avec succès que nous arrivons en bas, et nous garons, et soufflons de ce passage ardu. La mécanique nous rappelle combien elle a été en effort avec forces d’odeurs.

Nous terminons notre trajet jusqu’au spot de ce soir, près de Kalamaki et des Thermopyles, au bord d’une petite route avec une superbe vue.

22 avril 2023

Impatients de se poser aux Météores, nous reprenons la route dès le matin. En arrivant près des météores, le spectacle est impressionnant. Ces falaises nous rappellent, géologiquement, les pics rocheux de Monument Valley. On se demande d’une part la raison de ce découpage assez particulier et d’autre part comment les moines ont érigés leurs monastères au sommet de ces lieux.

Le spot est au bord d’une rivière et sans aucun autre campeur. Nous avons donc l’embarras du choix pour nous positionner et jetons notre dévolu sur une petite place décalée, entre quelques arbres où se trouve un rond de feu laissé par d’autres campeurs.

Les gnomes poursuivent l’après-midi en ramassant du bois et jouant près de la rivière ou dans les herbes. Je prépare quelques muffins, rapidement dévorés.

Puis nous entamons un « cours de dessin ». La lutine nous propose des modèle, au lutin et moi, et nous nous exécutons. Je trouve nos réalisations plutôt réussies. La mienne vient donner quelques couleurs à ma liseuse.

En début de soirée, ils avisent un autre camping-car et c’est l’euphorie. Il s’agit de la famille fanco-américaine rencontrée précédemment avec qui l’homme s’est coordonné pour se retrouver.

Les enfants, de part et d’autre, sont en joie, et nous terminons la soirée près du rond de feu à partager une bouteille et quelques grignotons.

23 avril 2023

Nous ne trainons pas au matin et partons dès le petit-déjeuner avalé. Nous ne sommes pas particulièrement pressé mais les parking des monastères se remplissent vite des cars de touristes et autres visiteurs. Si nous voulons nous assurer une place, il faut donc y être au plus tôt. Pourquoi ne pas avoir dormi sur le parking alors ? eh bien parce que cela est interdit…

Nous retrouvons nos voisins, partis dès le réveil et stationnés ici pour prendre le petit-déjeuner. Nous avons bien fait, car les bus de touristes commencent à affluer et nous voyons la lente progression des visiteurs à l’entrée des monastères. Au plus près, nous sommes toujours sous le charme et l’étonnement de ces constructions improbables.

Deux monastères sont accessibles, celui de Metamorphosis Sotiros et celui de Varlam.

Nous optons tous pour celui de Metamorphosis Sotiros, surplombant le parking. Nous y accédons par quelques chemins de pierre puis arrivons au poste de contrôle.

La lutine et moi attachons nos paréos à nos tailles. En effet, les femmes doivent porter des jupes longues et les hommes des pantalons, tous deux devant être au « pire » en manches courtes et sans décolleté. Que ce soit la lutine ou moi, nous n’avons pas de jupe longue mais j’avais prévu dans le camping-car des paréos pour pallier justement à ces contraintes vestimentaires imposées dans certains lieu de culte, notamment de se couvrir les épaules ou les cheveux.

Nous accédons donc au Monastère tout de pierre et de bois. Nous pouvons déambuler sur les terrasses, visiter le musée et découvrir l’église. La vue des terrasse est superbe. Surplombant la vallée, nous avons une vue presque panoramique sur les différents pics rocheux où sont érigés les monastères de Meteora.

Le musée regroupe particulièrement des reliques, des habits liturgiques et des objets de culte ayant appartenu à quelques grands de la religion orthodoxe. Il n’y a malheureusement pas d’informations sur le monastère ou son environnement. Les photos ne sont pas autorisées, je vous en propose d’autre au fil de nos déambulations.

L’église, en activité, toute en pierre est très sombre à l’instar de toutes celles visitées jusqu’alors en Grèce. En effet, dans le culte orthodoxe, la lumière ne doit pas pénétrer à l’intérieur de ces lieux sacrés au-delà de ce qui est nécessaire pour voir. La vraie lumière vient de la foi. Très chargée dans sa décoration, à l’odeur d’encens prégnante, nous observons les fresques murales recouvrant l’ensemble des parois. La plupart sont restaurées, ou peintes ultérieurement à l’érection du monastère. Même chose que pour le musée, vous n’aurez que nos écrits pour vous rendre compte.

Au-delà de celles consacrées aux icônes traditionnelles de ce culte, nous observons, dans ce qui correspondrait à la nef des églises catholiques, des fresques présentant de façon brutes et sans filtre les massacres dont les chrétiens ont fait l’objet. Ainsi nous observons des décapitations, des crucifixions, des dépeçages, des démembrements et j’en passe, le tout de façon très explicite. Violent.

Idem, pas de photos.

Une grande fresque représentent les principaux Saints de la religion orthodoxe ainsi que des personnages dont le parcours de vie est reconnu, notamment grâce à leur engagement à promouvoir le savoir de la Grèce. Ainsi nous déchiffrons certains noms comme Pythagore ou Socrate.

Ce monastère nous permet également de visiter d’anciens lieux de vie communes. La cuisine est sombre, pleine de suie, ne donne pas bien envie d’y séjourner.

Après cette première visite riche, nous prenons le chemin du second Monastère, celui de Varlam. L’accès est tout aussi bucolique, chemin de pierre et marches. Seule différence, notoire, un pont qui permet de passer de la falaise où nous sommes à celle où se trouve le monastère, isolé totalement. D’ailleurs nous pouvons observer des paniers attachés à un système de poulies qui permettaient à une époque aux moines d’accéder au lieu ainsi qu’aux vivres.

Comme dans celui de Metamorphosis Sotiros, nous devons revêtir nos paréos et avons accès aux terrasses, au musée et à l’église. Il y a bien plus de monde et c’est assez compliqué de se mouvoir entre les grappes humaines. Des terrasses, la vue est encore une fois superbe. Il y a également un kiosque où se trouvent les cloches.

L’église propose une « antichambre » avec quelques icônes avant d’accéder à la partie sacrée, où nous retrouvons des fresques de même type que celles du précédent monastère, tout aussi violentes (toujours pas de photos de l’intérieur de l’église).

Le musée est également centré sur les objets saints mais présente également de façon succincte la vie dans le monastère et leur histoire. Erigés pendant la période Ottomane, au 14e siècle. Au 16e siècle, on dénombrait 24 monastères. Aujourd’hui, il en subsiste seulement 6 parmi lesquels 2 sont des couvents. Deux vies monacales coexistes, l’une cénobitique où les moines partagent leurs repas en commun, n’ont le droit de posséder aucun bien matériel et doivent obéir à un Abbé. L’autre, dite idiorythmique, totalement opposée à la précédente où les moines peuvent posséder des biens propres et organisent leurs repas selon leurs envie sans rendre de compte à un Abbé.

(oui les photos n’ont rien à voir avec la vie monacale)

Dans la région de Météora, il s’agit principalement de monastères cénobitiques. Les moines consacrent leur vie à leur foi, changeant de nom au moment de leur tonsure caractéristique de leur engagement à cette vie d’ascète. Ils font vœux d’obéissance pour atteindre l’humilité nécessaire à leur dévouement à Dieu, de pauvreté pour combattre l’avarice et la cupidité, et de chasteté afin que leur amour soit entièrement dévolu à Dieu. Néanmoins, le mariage n’est pas incompatible dans la mesure où il s’agit d’un engagement reconnu par Dieu. Il existe donc une distinction entre chasteté physique et chasteté morale. D’ailleurs dans la religion orthodoxe, peuvent devenir Popes des hommes mariés (mais ils ne peuvent pas se marier après avoir été ordonnés Popes).

Nous poursuivons par quelques autres éléments caractéristiques, dont le puit et la réserve d’eau, un énorme tonneau, où les moines conservaient le précieux liquide.

Nous constatons que sur l’ensemble des fresques, tous les visages sont très durs et marqués, même sur des fresques récentes.

Après cette visite, nous déjeunons au camping-car puis avec les gnomes nous partons en quête d’une géocache proche du parking, que nous trouvons assez facilement.

Nous retournons sur le spot où nous étions la veille au soir. Les enfants se retrouvent et s’amusent, trouvant même des scorpions par légion, qu’ils ne font qu’observer. D’ailleurs cela permet au lutin d’observer cette petite bête dont il est question dans l’un des épisodes du podcast « Bestioles » de France Inter, qu’il adore.

La soirée se passe auprès du feu, pour un apéro dinatoire, en compagnie d’un jeune allemand voyageant en van.

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