Yellowstone NPS

C’est un très très long billet qui s’annonce. Nous avons passé cinq jours dans ce parc national et nous avons vu énormément de choses tant en paysages, qu’en faune, qu’en activité géothermique. C’était compliqué de résumer tout ce que nous avons pu voir mais surtout de sélectionner les photos qui seraient les plus parlantes pour vous faire voyager (en les réassignant bien aux bons sports !).

Préambule

Formé sur une zone volcanique active (sur laquelle vous aurez des détails dans les billets quotidiens), Yellowstone permet d’observer quatre activités thermales:
-Les geyser, ces éruptions d’eau et de vapeur,
-Les fumeroles, formées par la vapeur sortant des cavités,
-Les sources chaudes, ces bassins aux eaux parfois à la limite de l’ébullition,
-Les bassins de boues, des piscines de boue formées par la dégradation du sol (ex. micro-organismes) et les précipitations naturelles.

Chaque lieu est caractérisé par le phénomène thermal principal, bien que plusieurs activités peuvent coexister en fonction du temps et de la météo. Selon les lieux visités, et même simplement traversés en roulant, nous profitons des odeurs plus ou moins intenses de ces activités entre ozone et œuf pourri selon les endroits.

D’une manière générale, ce parc est vraiment très bien organisé, comme la plupart des lieux drainant des visiteurs. Il a cinq entrées, Nord (fermée suite aux coulées de boue du printemps), Nord Est (fermée également), Ouest (par où nous arrivons), Sud et Est. L’ensemble de la visite s’organise sur deux boucles (upper et lower), qui forment un huit, aux carrefours desquelles se trouvent des villages, entendez une zone avec un bureau de ranger en combinaison avec un visitor center, un magasin, des logements, un musée et/ ou un point d’intérêt majeur…

Chaque point d’intérêt fait l’objet d’une signalisation où, dans la plupart des cas, il y a un parking accessible aux gros gabarits. Autrement l’interdiction d’accès est indiquée au niveau des intersections. Sur les bas-côtés, il existe de nombreuses zones pour s’arrêter observer les paysages et la faune sauvage en liberté. Tous les points visités sont aménagés pour permettre d’observer les lieux sans prendre de risque. Il s’agit majoritairement de chemin sur pilotis formant des boucles, accessibles à tous, parsemés de panneaux d’information.

A l’époque où nous y sommes allés, seuls deux campings étaient encore ouverts. Et seul le « RV Park » avait de la place. Nous ne serons donc pas en pleine nature comme dans les précédents parcs. Il est nécessaire de réserver ! Comme j’expliquais dans un autre billet, les réservations des camps étaient à prévoir 13 mois à l’avance et les places étaient parties rapidement. C’est vraiment une chance que nous ayons eu une place. Celles-ci se libérant uniquement lors des annulations de réservation et étant généralement repourvues immédiatement.

Sur ces prémices, je m’attelle à la rédaction de notre séjour, au jour le jour en intégrant bien évidemment les informations techniques et/ ou historiques dont vous raffolez.

~*~*~ Vous connaissez la chanson: prenez place, ayez de quoi grignoter et vous désaltérer à proximité et lancez-vous dans la lecture ! ~*~*~

25 septembre 2022
Arrivée

Je vous avais laissé alors que nous étions parqué sur une aire de repos. Au matin, réveillés par un appel, nous gérons quelques petits tracas administratifs avant de prendre la route une fois le petit déjeuner avalé.

Nous constatons que malgré la période automnale, il y a encore beaucoup de monde qui vient visiter le parc. Les files d’attente sont longues, heureusement que nous avons pris notre passe annuel pour les parcs nationaux car cela nous permet de montrer patte blanche au ranger et de ne pas nous arrêter au poste d’entrée. Nous arrivons par l’entrée ouest. Yellowstone, sur l’état du Wyoming, est au carrefour de trois états: Wyoming, Montana et Idaho.

Autant dire qu’une fois le poste des rangers passés, nous entrons dans un autre monde. Sauvage (entendez par là sans habitation), aux paysages magnifiques dans lesquels sillonnent des rivières et d’où s’échappent les volutes de vapeur des sources chaudes.

Nous prenons le chemin de notre camping, du côté Est, en parcourant le haut de la lower loop, c’est à dire la ceinture du huit.

Nous profitons de ce premier trajet pour nous arrêter selon nos envies et les indications sur les points d’intérêts.
Premier stop, Gibbon Falls, une cascade en contrebas, avant de poursuivre la route. Nous stoppons ensuite à la Beryl Springs. Il s’agit d’une des sources les plus chaudes de Yellowstone avec des températures avoisinants 87°C. Ce sont les gaz volcaniques qui sont à l’origine des vapeurs. L’hiver, la vapeur subit une sublimation inverse. Les sculptures de glace ainsi formées sont appelées « arbres fantômes« .

Le parc est également une énorme réserve naturelle où les animaux sont protégés. Nous apercevons nombre de bisons, peu sauvages, ils paissent tranquillement sur les bas-côtés ce qui provoque des ralentissements tant pour les observer que pour éviter de les brusquer et risquer de se faire charger.

Dernière étape sur ce chemin le secteur du Mud Volcano (littéralement le volcan de boue) qui était un geyser de boue à son époque active. Une explosion plus intense que les autres, en 1870, l’a littéralement fait s’effondrer sur lui-même engendrant l’arrêt des éruptions. Aujourd’hui il s’agit d’un bassin de boue formée par les microorganismes qui métabolisent les gaz en acide sulfurique, lequel dégrade la terre, à l’odeur caractéristique de sulfate d’hydrogène (œuf pourri) et aux couleurs venant du souffre (jaune) et de sa recombinaison avec le fer du sol (gris anthracite).

Nous observons la Grizzli Fumerole, une source qui fait bouillonner la boue créée par les intempéries. Celle-ci est formée en raison d’une bactérie présente qui transforme le souffre en acide sulfurique, lequel liquéfie le sol qui devient une sorte de boue plus ou moins liquide selon les précipitations. La vapeur et les gaz sortant de cette ouverture créent des bulles sur la surface pâteuse.

Enfin nous restons en arrêt devant la Dragon Mouth Spring (soit la source de la bouche du dragon), une grotte de laquelle sort de la vapeur en émettant des grondement qui laisse imaginer à un dragon endormi.

Nous arrivons au camping, un RV Park avec toutes les commodités. Les enfants investissent la table extérieure avec leurs Playmobils. Nous les laissons à leurs jeux. L’homme, la 4-pat et moi partons en balade jusqu’au petit centre névralgique de Fishing Bridge (une station essence, un petit magasin et un centre d’information).

La Ranger du centre d’information nous  confirme que les livrets des jeunes rangers se trouvent dans les visitors centers, où nous irons donc le lendemain. Elle nous explique également que les sorties Nord et Nord-est sont fermées, en raison des coulées de boue du printemps qui ont également lessivé les sources chaudes dans lesquelles il était possible de se baigner (vers Mammoth Hot Springs, au Nord-Ouest).

Au camp nous apercevons des bisons paissant tranquillement entre les camping-car, ce qui fait l’attraction (à bonne distance) sans toutefois alerter personne. C’est habituel ! Nous en verrons quotidiennement.

Nous terminons la journée tranquillement, en de folles parties de Mistigri pour les garçons et de Unstable Unicorn pour les filles.

~*~*~ Première journée riche. Préparez-vous pour la prochaine ! ~*~*~

26 septembre 2022
Geyser

Au programme de la journée, la Lower Loop, c’est à dire le bas du 8. Nous prenons le chemin du Sud pour passer au Grant Village. C’est l’occasion de croiser deux biches et leurs petits sur le bord de la route.  Il s’agit de biche mulet, des cervidés aux grandes oreilles, originaires d’Amérique du Nord.

Au Grant Village, nous commençons par le Visitor Center où nous prenons les livrets des jeunes rangers plébiscités par les gnomes. Ils sont impatients de débuter les activités. Sachant que nous allons faire de nombreuses étapes dans le parc, je regarde rapidement les pages pour vérifier s’il y a des jeux en lien avec certains spots particuliers. C’est le cas notamment du grand Geyser, le Old Faithful, que nous avons prévu de voir ce jour. Je constate que le livret, en couleur, est très riche d’informations et propose une gradation des activités en fonction de l’âge. Les enfants auront donc un repère pour savoir quelles activités ils peuvent faire.

Le centre des visiteurs présente une exposition sur l’impact des feux dans le parc. Au-delà des risques et de leurs conséquences dramatiques, nous découvrons les bons aspects des incendies, comme enrichir les sols et faire s’ouvrir les pommes de pin, et donc favoriser la reproduction des essences locales, mais également les moyens avec lesquels certaines espèces se protègent ou résistent au feu comme l’arnica, petite fleur jaune tenant de la grosse marguerite, qui possède une grande résistance aux incendies. En raison des aspects bénéfiques du feu, les incendies naturels ne sont plus éradiqués mais surveillés afin qu’ils puissent réaliser leur actions de renouveau.

Direction le Old Faithful, ce grand geyser qui a la particularité d’érupter à intervalles réguliers, environ toutes les 90 minutes. C’est d’ailleurs l’objet d’une des pages du cahier des jeunes rangers, expliquant que la fréquence des éruptions dépend de la durée de la précédente. La lutine est prête à noter les horaires, les durées et faire les calculs ! Nous mangeons nos sandwiches avant de nous rendre sur le site du geyser. Il est 1:06 pm quand il gerbe eau et vapeur à une hauteur impressionnante pendant près de 4 minutes. Un calcul plus tard et c’est donc à 2:40pm que devrait avoir lieu la prochaine éruption.

Pendant ce temps, nous visitons le musée, interactif, qui explique le fonctionnement des geysers. Ils prennent l’exemple de la cocotte-minute. Le magma, présent sous Yellowstone, chauffe la roche qui chauffe par conduction l’eau à son contact dans la poche d’eau au-dessus de lui, comme le feu de la gazinière qui fait bouillir l’eau en chauffant le fond de la cocotte-minute. Puis les mouvements de l’eau chaude réchauffent les autres particules d’eau, par convection cette fois (c’est ce qui fait que toute l’eau de la cocotte fini par bouillir, même celle qui n’est pas en contact avec une paroi). La vapeur et l’eau remontent par les conduits creusés dans la roche jusqu’à une poche reliée à l’extérieur par un goulot d’étranglement, lequel bloque le passage jusqu’à ce que la pression se fasse trop forte et que la vapeur commence à passer libérant de l’espace pour l’eau qui jaillit à son tour. C’est le principe du sifflet de la cocotte qui laisse échapper la vapeur et parfois de l’eau quand la cocotte a été trop remplie (si si, je sais que ça vous ai déjà arrivé).

Dans la salle aux activités ludiques, nous apprenons que les zones d’activités thermales provoquent des dommages sur les animaux qui y habitent, notamment un vieillissement accéléré de leur dentition, attaquée par l’eau chaude et l’acidité prégnantes de l’eau et des plantes environnantes. Enfin, une explication est donnée sur les couleurs cristallines formant des cercles chromatiques autour des sources et lieux thermaux. Il s’agit de bactéries thermophiles (aimant la chaleur donc), extrêmophiles (aimant les conditions extrêmes, pression, chaleur, acidité…) ou photosynthétiques (microorganismes ou microalgues qui utilisent l’énergie solaire, comme les arbres et plantes) disposées à différents endroits des sources en fonction de leurs affinités et qui colorent ainsi les zones thermales. L’exemple le plus connu étant le Grand Prismatic que nous irons voir. Le musée intègre également une reconnaissance des traces des différents animaux présents dans le parc avec des petit exercices pratiques.

Nous poursuivons la visite avec un documentaire sur la formation de Yellowstone. C’est un méga volcan dont l’éruption des millions d’années plus tôt a laissé place à un cratère effondré sous lequel existe encore une poche magmatique active à l’origine des zones d’activités thermales du parc. La poche de magma, fixe dans la croûte terrestre, est soumise aux actions de la tectonique des plaques du dessus. Ce qui fait que les zones d’activités d’aujourd’hui ne sont pas celles d’hier ni de demain, les « ouvertures » se fermant et s’ouvrant au fil des millénaires.

Autant dire que toutes ces découvertes sont l’occasion de développer les notions de tectonique des plaques, de volcanisme et de microbiologie avec les enfants.

Enfin, nous terminons par la visite de la grande bâtisse du Old Faithful Inn, site historique imaginé par un architecte fertile en 1903.

Le bâtiment a la caractéristique d’être tout en bois, intérieur et extérieur et d’avoir un toit cathédrale entièrement ouvert, les étages étant en balcon autour du centre.

Il présente même une sorte de petite cabane au faîte du toit, appelée Crow’s Nest (nid de corbeaux) où jouaient les orchestres. Malheureusement, un tremblement de terre, de 7.5 sur l’échelle de Richter, plus fort que ceux habituellement ressentis sur le parc a fragilisé la structure obligeant à fermer cette zone dans les années 50. Nous ne pourrons donc pas y monter.

Nous profitons ensuite de la prochaine éruption du Old Faithful, à 2:36pm. Nous constatons que l’éruption est moins forte et moins haute que la précédente, durant cette fois à peine 3 minutes. C’est également l’occasion de confirmer la prévision de la lutine (2:40pm) qui coïncidait avec celle des rangers (2:41pm).

Nous faisons le tour du Geyser Hill, autour du Old Faithful. Chaque source ou geyser porte des noms du fait de leurs caractéristiques, qui peuvent être la forme, la couleur, le bruit etc… Ainsi nous voyons le Infant Geyser, le Giantess Geyser, le Pump Geyser, le Sponge Geyser, le Pool Geyser, la Ear Spring (avec sa forme d’oreille effectivement), le Doublet Pool (une double source cristalline aux couleurs évoquant les glaces arctiques), le Beehive Geyser (imprévisible, éruptant à près de 200 pieds et dont les cycles en activité peuvent varier entre 10h et 5 jours…).

Nous terminons le tour au moment où le Old Faithful devrait à nouveau entrer en éruption mais son départ est fastidieux. La pression doit être intense et nous assistons à de petites éruptions avant que l’éruption totale ne jaillisse. C’est l’occasion de parler de Marcel, travaillant pour le bureau des éruptions voisin de celui des mouvements terrestres au Service International de la Rotation Terrestre (pour ceux qui seraient perdus, je vous renvoie à notre délire d’il y a quelques temps lorsque nous avons appris qu’existait une telle agence, true story ! Nous l’imaginons bien appuyant doucement sur le bouton mais dérangé dans son mouvement par ses collègues bavards, il relâche la pression avortant l’éruption jusqu’au moment où, se rendant compte de son retard, il appui avec vigueur sur l’interrupteur pour rattraper son erreur entraînant alors une éruption intense.

Nous reprenons la route à la poursuite du tour de la boucle. L’homme ayant envie d’aller voir le Grand Prismatic Springs, la plus grande source chaude de Yellowstone, réputée. C’est donc dans la zone du Midway Geyser Basin que nous nous rendons.
L’air frais automnal accentue la visibilité des fumeroles au-dessus du bassin, à l’instar de la matérialisation de notre  respiration par temps froid, ne permettant pas de bien observer cette source mythique.

Néanmoins nous pouvons constater ses différentes strates de couleurs, moins intenses qu’elles ne doivent être en été, ainsi que celles de ses voisines aux tons turquoises et opalines.

Ces différentes strates colorées sont le fait de micro-organismes thermophiles et de microalgues. Les bleus, paradoxalement, sont les zones les plus chaudes. Les verts les microalgues qui synthétisent la lumière solaire à l’instar des plantes, les tonalités automnales (rouge, orange, marron) sont des zones moins riches en eaux, où les microorganismes se sont développés en formant parfois de petites forêts. Les microorganismes du sommet synthétisent l’énergie solaire qui nourrit ceux du dessous qui agissent en décomposant et recyclant les nutriments.

Nous poursuivons la Lower Loop, tout en repérant où se trouvent les Fairy Falls d’où part un point de vue sur les Prismatic Springs selon le livre que l’homme s’est procuré sur Yellowstone. Il est trop tard pour y accéder mais le notons pour y revenir.

Sur le retour, nous apercevons de nombreux véhicules stationnés sur les aires attenantes et même quelques personnes sur les petits vallonnements en bord de route. Nous ralentissons. Au loin, à peine visible en raison de leur pelage agissant tel un camouflage, nous pouvons voir un troupeau de wapitis dont un grand mâle.

Peu après, nous sommes bloqués par troupeau de bisons qui traversent les voies. Il y a de grands mâles mais également des femelles avec des petits qui cabriolent dans les prairies.

Il faut savoir que les troupeaux de bisons de Yellowstone sont les derniers troupeaux issus des hordes sauvages endémiques. Le bison a été massivement chassé au risque de le voir éteint dans les années 1900. C’est « grâce » au braconnage massif de l’un de ces chasseurs, longtemps poursuivi, qu’une loi a été promulguée pour les protéger dans le parc de Yellowstone.

Ces animaux semblent bien paisibles alors que nous les frôlons presque pour poursuivre notre route. Néanmoins, c’est comme l’eau qui dort ou le lait sur le feu, un débordement est vite arrivé !

Ma lutine, motivée, complète quasiment l’ensemble des pages requises de son livret de Ranger Junior avant que nous n’arrivions au camp.

La soirée se déroule tranquillement. Nous sommes tous flappis mais les yeux pleins d’étoiles quand nous sombrons dans le sommeil.

~*~*~ Vous avez fait (presque) la moitié de la lecture ! Prêt pour la suite ? N’oubliez pas de vous détendre les muscles pour éviter les fourmis, les crampes et les torticolis ~*~*~

27 septembre 2022
Chromatique

Nous avons décidé d’alterner grosse journée et journée plus calme, ne serait-ce que pour préserver l’homme en ne lui imposant pas de conduire des miles et des heures chaque jour.

La matinée débute donc par la séance d’instruction. Aujourd’hui, après le rituel de la date et de l’ardoise, l’homme fait une séance d’histoire à la lutine. Au programme la seconde guerre mondiale, dont nous avions lu le Petit Doc la veille avec les enfants à la demande du lutin. Avec le lutin, nous entamons la complétion du livret du jeune ranger une fois les autres activités terminées.

Après le repas, nous prenons tous un moment pour nous. Les enfants s’amusent avec leurs Playmobils sur la table extérieure ainsi qu’à observer leur « expérience », un mélange d’eau et de diverses matières ramassées qu’ils ont mis à congeler. C’est l’occasion de préparer quelques activités pour les prochaines séances d’instruction mais également de faire un brin de propre dans notre Lican.

Nous prenons la route en direction du Canyon Village, à l’intersection Est des deux boucles du 8. Sur le chemin nous faisons une halte au Sulphur Caldron, le chaudron sulfuré, dont le nom évoque une sorcière préparant des potions aux vertus maléfiques.

Et en effet, le bouillon du chaudron est peu ragoûtant, d’un vert tirant sur l’olive à la texture pâteuse, bulleuse et aux émanations d’œuf pourri. Cet endroit doit sa particularité au fait d’être localisé sur la zone la plus active du volcan ancestral. Il y a en ce lieu des remontées de souffre devenant acide sulfurique à la surface. L’acidité du chaudron est de l’ordre de 1. Seules quelques bactéries extrêmophiles, thermoacidophiles ici, s’y développent.

C’est l’occasion de donner quelques bases de chimie à la lutine et d’évoquer les notions de pH, d’acidité et d’alcalinité.

Aux abords du Canyon Village, nous débutons par rejoindre le point de vue sur les Upper Falls, une des chutes se situant dans le Grand Canyon de Yellowstone. Nous prenons ensuite le chemin des Lower Falls, une autre cascade du canyon.

Nous en profitons pour admirer le Grand Canyon de Yellowstone.

Le Canyon s’est créé lors d’une éruption il y a 640 000 ans. Les eaux chaudes et acides des sources thermales s’est écoulée au travers des roches volcaniques (fer, ryolite) refroidies engendrant une érosion prématurée dont résultent ces colorations atypiques.

Les différents points de vue où nous nous sommes arrêtés – aux noms évocateurs : inspiration point, artist point – nous ont permis d’admirer ces ocres, roses, blancs, jaunes, oranges, terres de sienne qui colorent les roches du canyon.

La Yellowstone River, en contrebas, est la résultante de la fonte des glaces qui se sont déversées avec force dans le canyon. L’érosion se poursuit encore aujourd’hui.

Ces balades achevées, nous prenons le chemin du camping. Nous sommes alors entre chien et loup. Deux biches et leurs petits traversent.

J’apprendrais plus tard qu’il s’agit de « Elk« , des wapitis en français, des cervidés plus grands que nos cerfs et dont la robe est dans deux tons de marrons.

Pour la petite histoire, et enrichir votre vocabulaire, Elk, en anglais UK désigne l’élan mais en anglais US il s’agit du wapiti. L’élan étant appelé Moose. De quoi en perdre son latin, enfin son anglais !

Ce soir nous faisons une pause à Alum Creek, où la veille et encore ce soir, sont stationnées plusieurs véhicules.

Nous posons nos sièges à l’instar d’autres visiteurs et attendons jumelles en main. Peu après un mâle wapiti et ses femelles sortent du bois à quelques centaines de mètres pour s’abreuver à la rivière. Le mâle nous fait l’honneur de son brame, bien plus aigu que celui de nos cerfs européen.

Un spectacle magique. Pas de photos.
Les bêtes sont trop loin et leurs couleurs automnales ne contrastent pas assez pour que cela puisse rendre justice au spectacle observé considérant nos appareils non équipés pour ces photos d’affût.

~*~*~ C’est le moment de la pause pipi et petit ravitaillement *~*~

28 septembre 2022
Immobile

Ce matin nous profitons d’avoir un peu de réseau pour poster et vérifier nos messages. La coupure est bénéfique et nous nous en satisferions si nous n’avions pas quelques sujets administratifs à traiter ni des nouvelles à donner pour rassurer nos familles.

Ces quelques actions menées, nous prenons la route pour la Upper Loop, le haut du 8. Les paysages de cette partie du parc, moins soumis aux activités volcaniques, sont totalement différents de la partie sud. Les forêts et phénomènes thermaux font places aux plaines et montagnes. Le parc de Yellowstone se situe à une altitude moyenne de 7800 pieds. Le mont Washburn culmine à plus de 10 000 pieds (soit ? je vous laisse faire le calcul…).

Premier stop à Tower Fall. Une cascade de 40m. Son nom provient de l’érosion différenciée entre les pierres « tendres » et les pierres « dures ». Ces dernières, moins fragmentées par les ruissellements forment des tours éparses autour de la cascade.

Notre prochain arrêt est au Petrified Tree. L’accès aux gros véhicules est interdit. Nous nous garons donc à l’entrée du chemin et marchons jusqu’au point d’intérêt. Le parking n’aurait effectivement pas permis à l’homme de manœuvrer le Lican pour repartir.

Lors de l’éruption de la chaîne volcanique à l’origine de Yellowstone il y a plusieurs millions d’années, des cendres et du sable brûlants ont recouverts les sols et « figé » instantanément les paysages de l’époque. C’est un phénomène comparable à celui de Pompéi lors de l’éruption de l’Etna, l’occasion de parler volcanisme avec les enfants. Le Petrified Tree est un vestige de cette époque, un redwood (sequoia rouge) ayant été pris par ces roches chaudes formant un fossile « vivant » lorsqu’elles ont refroidi. C’est le seul « rescapé » des trois arbres restés debout au fil des millénaires, les deux autres ayant été les victimes de chasseurs de souvenirs au début des années 1900.

Notre étape suivante se situe à Mammoth Hot Springs, au nord-ouest de la boucle, où se trouvent des sources en espalier. Ces cascades, immobiles pour certaines, résultent de l’extrême calcification des chemins empruntés par les eaux. Les arbres englués dans les eaux des sources sont aujourd’hui figés dans le calcaire, enterrés vivants comme le dit l’affiche. Ils ont absorbé l’eau chaude des sources chargée en carbonate de calcium qu’ils ne métabolisent pas. Ce dernier a finalement obstrué les vaisseaux empêchant l’absorption des nutriments et de l’eau.

Ce lieu a des airs de paysage lunaire enneigé. Comme les autres sources du parc, les bactéries thermophiles prolifèrent et sont à l’origine des couleurs caractéristiques de ces bassins aux noms empruntés aux dieux romain notamment entre autres: Minerva, Jupiter, Cupid, Colibri, Cleopatra (à vous de trouver les noms intrus mais qui pour autant sont ceux de ces lieux).

C’est un lieu que mes parents avaient visité il y a plusieurs dizaines d’années et qui a dû bien changer, les sources se tarissent et naissent au gré des évènements thermiques sous-jacents. Comme par exemple, la Jupiter Spring qui après une période d’effusion de vapeur éradiquant les végétaux présents a donné lieu à des chutes abondantes dans les années 20 formant des bassins aux eaux limpides jusqu’à se tarir en 1998.

A la sortie du site, l’homme aperçoit un school bus aménagé près de notre Lican. L’homme est en train d’expliquer au lutin qu’ils s’agit d’un bus d’école américain qui vit une deuxième vie après son septennat de bons et loyaux services auprès des enfants quand il entend un jeune homme confirmer ses dires dans la langue de Molière. C’est un jeune Marseillais parti à l’aventure sur les routes américaines depuis deux ans et qui a restauré ce véhicule (ils sont mis au rebut systématiquement apres sept ans de service). C’est donc l’occasion de visiter ce bus que l’homme avait regardé comme une des alternatives pour notre voyage.

Nous finissons la boucle pour retourner au camping. À l’entrée de celui-ci nous apercevons une femelle Mule Deer, un cerf mulet. Les enfants vont alors promener la 4-pat, qui malheureusement doit nous attendre à chaque étape en raison de l’interdiction aux chiens des chemins, et reviennent nous conter qu’il s’agissait en fait de deux femelles adultes accompagnées de leurs petits.
Ils étaient ravis d’autant que les cervidés n’ont pas fuit à leur approche, se laissant observer à distance raisonnable.

Nous ne faisons pas long feu, nous sommes flappis.

~*~*~ Dégourdissez-vous un peu avant d’entamer la dernière ligne droite ~*~*~

29 septembre 2022
Interlude

C’est une journee d’isolement forcé.
La pluie a sévie par intermittence toute la nuit et ne s’est pas arrêté plus de quelques instants dans la journée. Ce n’est pas un temps à nous aventurer sur les routes du parc avec le Lican, gros gabarit que nous devons « plier » à chaque départ et difficile à manœuvrer.

Je profite donc de cette matinée à la météo humide pour faire l’instruction aux enfants, non que nos journées de visites ne soient pas propices à les instruire. Au contraire, il s’agit dans ces cas-là d’une instruction moins formelle, oserais-je un « moins scolaire », que celle réalisée habituellement, mais qui leur inculque de nombreuses notions et propices aux questionnements.

C’est l’occasion de vous présenter un jeu que j’ai mis en place avec la lutine, petit rituel de révision de ses conjugaisons.

La journée se déroule au fil de jeux, coloriages et jeux vidéo. Le Lican devient tour à tour un paysage du crétacé où règnent les dinosaures et le lieu de villégiature des Playmobils. C’est là que les pochettes de jeu des enfants sont amorties !

Cette météo nous met une demi-journée de visite dans la vue, le choix est donc fait de ne pas aller aux Mystic Falls d’où part le point de vue sur la Prismatic Spring.

De vrais lions en cage !

~*~*~ C’était court, pas de pause, on poursuit ~*~*~

30 septembre 2022
Peinture

C’est notre dernier jour à Yellowstone. Nous prenons donc la direction du Canyon Village à l’intersection Est des boucles du 8, pour que les enfants puissent rencontrer les rangers et obtenir leur badge au Visitor Center. Comme à chaque fois, le ranger étudie avec intérêt leurs livrets, leur pose des questions en rapport avec leur visite et leur fait prêter serment de toujours protéger la nature avant de leur remettre le badge convoité. Les enfants se prêtent au jeu avec enthousiasme, nous sollicitant quand ils ne comprennent pas, et remercie avec chaleur le ranger.

Dans ce centre des visiteurs se trouve une exposition en rapport avec la formation de Yellowstone. Nous avons confirmation de ce que les diverses informations éparses aux points d’intérêt avaient pu nous apprendre. Yellowstone est donc la conséquence de deux éruptions volcaniques massives. La première, celle du Huckleberry il y a 2.1 millions d’années, et qui a dispersé près de 2500 km3 de cendres, puis celle du Yellowstone il y a 640 000 ans avec 1000 km3 de cendre. Les cratères se sont effondrés sous le violence de l’éruption et l’effet de la gravité, donnant lieu à ce paysage caractéristique. Le magma est toujours actif ce qui crée ces phénomènes thermaux.

Nous prenons la direction de Norris, à l’intersection Ouest des deux boucles.
Nous faisons le tour du Norris Geyser Basin. Celui-ci a été nommé ainsi du nom du second superintendant de Yellowstone qui a caractérisé et recensé ce lieu pour la première fois.

Nous pouvons ici observer la Porcelaine Springs, un bassin aux bords d’un blanc immaculé et aux eaux miroitées.
C’est d’une pureté.

Le Ledger Geyser quant à lui est en éruption ininterrompue.

Les planches sont humides et le vent ramène les petites gouttes vers les visiteurs tel un brumisateur naturel.

Notre dernière étape est au Artists Paintpots (pot de peinture des artistes littéralement) dont j’ai vu la description sur le livre acheté par l’homme. La route est malheureusement interdite aux gros gabarits mais l’accès n’est pas si loin. Nous y allons, l’homme et moi, à pieds. Les enfants étaient peu motivés par cette marche additionnelle.

Nous observons d’abord le Blood Geyser qui, en éruptant, arrache les particules d’oxyde de fer qui en retombant donnent cette couleur rouge au bassin. La particularité de ce lieu est lié aux gaz acides.

Puis nous approchons du Paintpot principal. L’eau des poches chauffe les gaz acides au-dessus, tel la partie basse d’un cuit vapeur.

Ces gaz dissolvent le sol, lequel absorbe les eaux pluviales et issues de la fonte des neiges, ce qui crée une boue plus ou moins épaisse selon la saison. Le gaz carbonique et la vapeur font bouillonner cette boue formant de grosses bulles et parfois des projections comme une soupe sur le feu.

Le panorama de la zone montre des bleus, des verts, des marrons, des jaunes, telle la palette d’un peintre en pleine création.

Certains bleus rappelle la glace arctique, si bien qu’on imagine observer la clarté cristalline entourant les icebergs.

Le panorama en lui-même évoque également une prise de vue du ciel des îles polynésiennes tellement l’organisation des couleurs ressemble à celle des différents continents. Magnifique.

Toute cette boue me donne envie de me faire des cataplasmes sur mes articulations douloureuses ou un massage aux pierres chaudes.

Les yeux émerveillés nous reprenons le chemin du Canyon Village où nous déjeunons, sans grand intérêt gustatif, avant de prendre la sortie Est pour rejoindre Cody.

Nous stationnons notre Lican au Buffalo Bill State Park pour la nuit, petit camp d’état nature au bord d’une rivière.

~*~*~ Et voilà c’est fini. Vous pouvez reprendre vos activités normales !
J’espère que vous avez pu appréhender les beautés de ce parc. En tous cas merci à tous de votre lecture, de votre suivi et de votre patience (dédicace particulière à ma maman aux persévérantes relances… je t’aime !) ~*~*~

Commentaires

  1. Merci pour ce magnifique compte-rendu, et pour ces belles photos.
    Yellowstone est un parc inoubliable , grand comme la Corse . Nous l’avions visité en juillet et nous avions eu droit à une chute de neige inattendue et problématique pour la conduite d’un RV .
    Merci encore pour ces moments de partage.

  2. Merci à toi pour le temps passé à nous partager si consciencieusement vos journées extraordinaires! Incroyable Yellowstowne! Je découvre grâce à toi.
    Ça me rappelle les paysages islandais.

    1. Oui ce sont des paysages irréels, vraiment. On a bien fait de tenter !

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